Étudiants en surnombre : les inscriptions se font par tirage au sort !

Faute de pouvoir sélectionner les étudiants sur leur valeur au moment de leur entrée dans certaines facultés, on procède à un tirage au sort lorsqu’ils sont trop nombreux…

« Sélection, piège à c… » scandaient les étudiants des facultés en mai 1968. 46 ans plus tard, entonneraient-ils ce nouveau slogan : « Tirage au sort, pas d’accord ! » ?

Car c’est bien cette question qui agite la pré-rentrée universitaire. Un nombre croissant d’établissements a adopté un système de tirage au sort pour mettre en adéquation le nombre de places disponibles dans les locaux et celui des étudiants désireux de s’y inscrire.

Les facs contraintes de recourir à ce mode opératoire sont logiquement les plus demandées. C’est notamment le cas des « Staps », la filière qui prépare aux carrières à vocations sportives.

Celle de Montpellier est la plus souvent citée en exemple. Là-bas les chiffres sont les suivants : 4 500, c’est le nombre d’étudiants qui veulent s’inscrire en première année de Staps et 650 le nombre de places disponibles.

Le problème se pose dans d’autres régions, à Boulogne notamment où 1 600 candidats ont postulé pour suivre ce type d’étude alors qu’il n’y a que 80 places à pourvoir.

Pour augmenter leur chance de décrocher une inscription, certains étudiants s’inscrivent dans plusieurs Staps en France et croisent les doigts à chaque fois que l’un d’eux procède à un tirage au sort.

Cette formation n’est pas la seule filière à devoir recourir à ce mode de désignation. Toujours à Montpellier, il faut désormais avoir, en plus de son bac, de la chance pour décrocher l’une des 70 places pour rentrer en première année de licence de Sciences Politiques à la Fac de Droit.

Les sélections faites à partir des dossiers des candidats, d’un entretien de motivation ou pire d’un concours d’entrée, sont exclues dans le système universitaire français. Il faut bien instaurer d’autres procédés pour éliminer les étudiants en surnombre.

Il fût un temps où l’on appliquait la règle dite de l’autobus. Il s’agissait d’une course poursuite, les premiers arrivés étant les premiers inscrits. Accéder à certaines Facs nécessitait la même ténacité que d’assister au concert des groupes vedettes se produisant à guichets fermés. Cette méthode a provoqué de tels débordements et de telles combines pour fausser les résultats, qu’on lui préfère désormais le tirage au sort.

Cette façon de faire est pour le moins contestable car à quoi sert-il de décrocher une mention très bien au bac si c’est pour se retrouver sur le carreau, faute d’avoir eu de la chance lors de la grande loterie de la rentrée ? Les syndicats étudiants se sont bien sûr émus de cette situation. L’UNI est très en pointe dans ce combat et demande que soit instaurée une sélection à l’entrée des universités les plus courues, rappelant que ce système existe déjà pour nombre d’écoles et de filières et qu’il est autrement plus pertinent qu’un tirage au sort. D’autres syndicats étudiants refusent d’entrer dans ce qu’ils considèrent comme un faux dilemme. Pour eux, cette situation révèle le manque de moyens accordés à l’Université française pour remplir son rôle de Service Public en matière d’éducation du plus grand nombre. Ils exigent que des places soient créées autant que de besoin.

En Chine, on a trouvé la solution pour construire de nouvelles universités, on utilise l’argent du… loto.

Le recours au tirage au sort pour réguler les inscriptions dans certaines filières universitaires en raison d’un afflux d’étudiants pose des questions cruciales sur l’équité et la valorisation du mérite académique. Si cette méthode vise à pallier les débordements engendrés par d’autres systèmes de sélection, elle suscite légitimement des critiques.

Les étudiants méritants, titulaires de mentions honorables au baccalauréat, se retrouvent ainsi à la merci du hasard. Face à ce défi, les syndicats étudiants s’affrontent sur la nécessité d’instaurer une sélection à l’entrée des filières les plus prisées. Certains plaident pour une allocation de ressources adéquates à l’Université française afin de garantir l’accès à l’enseignement supérieur pour tous.

À l’échelle internationale, des exemples tels que la méthode chinoise de financement par le loto ouvrent des perspectives innovantes pour répondre à ces enjeux. Il est crucial que la société et les instances éducatives réfléchissent ensemble à des solutions plus justes et efficaces pour l’avenir de l’enseignement supérieur en France.

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